Sophie Carrasco-Grimard

Le bois est un matériau vivant, brut, et prend des apparences multiples suivant les essences, et l’histoire de l’arbre dont il provient. Devant mon atelier, on trouve des morceaux de bois divers récupérés, de branches cassées, d’arbres morts d’origine locale et éthique. J’utilise aussi des incrustations de bois exotique de récupération, ou bien des fruits d’arbres comme les noix de banksia.

Dans l’atelier, le bois est là, dans toute sa beauté, avec tous ses accrocs, ses maladies, ses craquelures, et ses stigmates dus à divers insectes, et il est prêt à reprendre vie, une autre vie sous une nouvelle forme. Ensuite c’est à moi de le transformer en un bel objet. J’ai réalisé récemment que cette approche s’apparente à la démarche japonaise du wabi sabi.

Le cheminement est parfois difficilement explicable, car guidé par ce que me dit le bois au travers de son apparence initiale. J’ai d’ailleurs besoin d’une sorte de méditation face au morceau de bois avant de commencer à le travailler.

L’ajout d’un élément extérieur comme le plexiglas, l’étain, l’acrylique, ou d’autres inserts modernes agit comme un bijou. Les textures obtenues par brûlage, sablage, sculpture, sont autant de possibilités de rendre au bois toute la richesse de sa matière, et de transformer certaines de ses « imperfections » initiales en ornements.

Mon expérience d’architecte d’intérieur m’apporte beaucoup pour le choix des formes et des volumes, et l’esthétique générale.

Parfois, le bois n’a pas besoin de beaucoup de transformation pour être mis en valeur et il impose sa forme, d’autres fois j’essaie de prendre le dessus et d’imposer ma volonté en partant d’esquisses. Je ne gagne pas toujours complètement, mais c’est tout le plaisir de cet échange …